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Meurtres pour mémoire

Paris, octobre 1961 : à Richelieu-Drouot, la police s'oppose à des Algériens en colère. Thiraud, un petit prof d'histoire, a le tort de passer trop près de la manifestation qui fit des centaines de victimes. Cette mort ne serait jamais sortie de l'ombre si, vingt ans plus tard, un second Thiraud, le fils, ne s'était fait truffer de plomb, à Toulouse.

Papa, qu'as-tu fait en Algérie: enquête sur un silence familial

De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d’Algérie sont réputés n’avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l’épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.

De nos frères blessés

Alger, 1956. Jeune ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN, Fernand Iveton a déposé dans son usine une bombe qui n'a jamais explosé. Pour cet acte symbolique sans victime, il est exécuté le 11 février 1957, et restera dans l'Histoire comme le seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Ce roman brûlant d'admiration, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence, lui rend hommage.

Des hommes

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois, il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire en hiver, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Entendez-vous dans les montagnes...

Il a fallu deux ans à Maïssa Bey pour traduire en mots cette part muette de sa vie : son père mort sous la torture en 1957 pendant la guerre d’Indépendance, alors qu’elle avait sept ans. Son récit est splendide dans sa sobriété, la force de son évocation et l’absence inouïe de haine. Une leçon magistrale, qui l’a confirmée dans son rôle d’écrivain tout en mettant en avant son souci constant d’humanité.

La Seine était rouge (Paris, Octobre 1961)

Paris, 17 octobre 1961. La fin de la guerre d'Algérie est proche. En réponse au couvre-feu imposé aux Algériens par Maurice Papon, alors préfet de police, le FLN organise à Paris une manifestation pacifi que. La police charge : violences, arrestations massives, matraquages, meurtres, Algériens jetés dans la Seine. Nanterre, 1996. Amel a seize ans. Elle entend parfois sa mère et sa grand-mère discuter de choses graves dans une langue, l'arabe, qu'elle comprend mal. Quand elle pose des questions, les femmes se dérobent.

Les enfants du nouveau monde

Printemps 1956. Pour l'Algérie, c'est le temps de la guerre et de la lutte pour l'indépendance. Dans cette ville au flanc d’une montagne, ceux qui combattent risquent l'exil, la prison, la torture, la mort. Les femmes regardent le maquis où leurs maris font la révolution. Assia Djebar fait entendre les cris et les silences de ces femmes qui, tout autant que les maquisards, se sont battues pour voir leur pays libre.

Journal 1955-1962

Quatre jours de plus, et Mouloud Feraoun aurait connu l'Algérie indépendante. Il a été assassiné par l'OAS le 15 mars 1962. Son Journal, écrit durant la guerre, rend compte de ses espoirs, de sa tristesse et de ses doutes quotidiens. De l'insurrection des fellaghas à l'oppression du peuple algérien, l'écrivain se fait un devoir de témoigner des événements de son pays. Né en 1913 à Tizi Hibel, Mouloud Feraoun a été instituteur et directeur d'école en Algérie avant de devenir inspecteur des Centres sociaux.